Patrimoine vivant Wallonie-Bruxelles

L’art du spectacle de rue à Chassepierre

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C'est quoi ?

"All's Well That Ends Well,"Shakespeare

"Maugré les sougnes, t't'affé est bin, qui su r'clot bien"
lorsque l'on vient du pays des Gaumes

Et pour un français, lorsqu'il est d'humeur à le dire
"Tout est bien, qui finit bien"…

Chassepierre est un village tranquille de 200 habitants, où s’écoule paisiblement la Semois, un des affluents de la Meuse ; avec ses maisons du XVIIIe et XIXe siècle et son église au clocher bulbeux, il est réputé pour être un des plus beaux de Belgique. Image champêtre où tout paraît paisible.

Et pourtant, tous les ans depuis 1974, le village se transforme, le temps d’un week-end du mois d’août, en une réjouissance artistique attirant plusieurs milliers de spectateurs : c’est le temps du Festival International des Arts de la Rue, l'ancienne fête des artistes.

C’est un week-end de pur bonheur, où petits et grands repartent enrichis de rêves en couleurs.

Comédiens, musiciens, clowns, marionnettistes et acrobates utilisent chaque espace du village, transformant les places et les murs de pierre en décors vivants. Ici, même le ciel est occupé. Assis sur l’herbe ou sur des gradins, dans les rues, les champs et sur les places, les pieds dans l’eau de la rivière pour se rafraîchir ou recevant l’eau sur la tête selon les caprices du temps, les spectateurs sont transportés dans un univers insolite, de rêves et de fantaisies.

Festival International des Arts de rue de Chassepierre, 2012 © Ooh! Collective

Le Festival International des Arts de la Rue est le premier festival d’Europe consacré à ce thème. Il voit le jour en 1974 sous le nom de week-end « Poésie-Village ». Il prendra le nom de « Foire des artistes » en 1975, puis de « Fête des Artistes » vers 1984.

Il est fondé sur la poésie à ses débuts grâce à l’initiative de la poétesse et romancière locale Marie Fizaine, de son ami Georges Linze et de la collaboration de nombreux bénévoles. Alain Schmitz en assure la direction artistique dès 1976. Aujourd’hui, ce sont toujours les bénévoles, presque tous des habitants du village, qui sont à la base de l’organisation du Festival. Est-ce pour ça que l’accueil y est si chaleureux ?

D’une ampleur internationale, le festival de Chassepierre reçoit et découvre chaque année de nouveaux talents et permets à toute une région d’avoir accès au spectacle au sens large.

Le spectacle de rue n’a pour limite que l’imagination humaine. Il regroupe toutes les formes d’expression des arts du spectacle, de la poésie, du cirque, de la musique, de la danse, du mime ou même des arts plastiques qui mis en scène peuvent prendre vie. Mais sa particularité, comme son nom l’indique, est de s’exprimer dans la rue ou plus largement dans un espace ouvert.

Une cinquantaine de compagnies venues du monde entier partagent leur univers le temps du festival. Le spectateur surpris et charmé, repart avec au fond de lui, le bonheur de cet instant éphémère.

Ça se passe où ?

Chassepierre est un village de la Gaume, situé dans la province de Luxembourg, en région wallonne.

La Gaume est une région naturelle du sud de la province de Luxembourg. Avec le Pays d’Arlon, la Gaume forme la Lorraine belge.

C'est quand ?

Le Festival International des Arts de la rue se tient chaque année, le troisième week-end du mois d’août.

Un brin d'histoire

Histoire de Chassepierre

L’étymologie du nom du village viendrait du latin casa petrea, qui signifie « maison de pierre », car les premiers habitants vivaient dans les souterrains aménagés sous l’église actuelle. La première mention de Chassepierre apparaît dans un écrit mentionnant la donation par le seigneur Machigesilus à l’évêché de Verdun du domaine de Chassepierre (entre 711 et 715). Chassepierre a été une villa gallo-romaine puis une des villas royales dont Lothaire II (855-863) fit don des revenus à la chapelle de la Vierge au palais d’Aix-la-Chapelle. On a retrouvé les traces d’un château féodal qui était la propriété de Catherine, dame de Florenville et épouse de Rion de Toureste.

L’église Saint-Martin et son clocher baroque ont été bâtis en 1702. L’église est classée, ainsi que le mur d’enceinte du cimetière, le presbytère et les ruines du vieux moulin.

Chassepierre © Ooh! Collective

Histoire de la Gaume

« [...] La préhistoire laissa quelques souvenirs dans le pays de Virton. Les Romains colonisent les terres gauloises et, par leurs constructions (chaussée reliant Reims à Trêves) et leur organisation, installent pour cinq siècles leur civilisation qui laissa nombre d’établissements et d’habitations plus ou moins importantes (villas).

Après eux, le pays se disloqua et fut remplacé par un long millénaire, le Moyen Âge qui connut les périodes franques (Mérovingiens et Carolorégiens) avec des parenthèses d’unité, puis d’émiettement : les puissants duchés de Luxembourg et comté de Chiny, de petits ou moyens seigneurs locaux.

Les XIIe, XIIIe et XIVe siècles virent la création de "villes neuves" et de nombreux affranchissements. En 1285, Louis V de Chiny organise le fameux tournoi de Chauvency, de l’autre côté de la frontière actuelle. Au XVe siècle (1384-1477), la Gaume participe à l’histoire du duché de Bourgogne. Au même moment, le Luxembourg est entraîné dans la guerre qui oppose Charles Quint à François Ier. Puis, au XVIIe, de nouvelles guerres entre la France et l’Espagne : combats, peste, dépopulation, famine sévère. Le XVIIIe siècle connaît une période plus calme, plus prospère, notamment par l’essor de la sidérurgie et le règne de l’impératrice Marie-Thérèse.

La Révolution française puis l’instauration du Régime français vinrent briser tout cela. Après Napoléon, le calme revint pour peu de temps, mais les populations ne supportèrent pas l’occupation hollandaise et gagnèrent leur liberté en 1830. Cependant, les Virtonais, réputés pour avoir la "tête chaude", furent les seuls Belges à faire leur révolution de 1848.

Une longue période de paix suivit 1830, qui ne fut troublée qu’en 1914 et 1940 par les deux guerres mondiales à laquelle les Gaumais payèrent leur tribut : les fusillades et massacres de villageois en 1914, Résistance et déportations en 1944. Depuis lors la Gaume connaît des années de paix et de prospérité… »

DE REMONT, Julien. Histoire : La Gaume historique [en ligne]. Gaume Tourisme.
Disponible sur : <http://www.gaumetourisme.be/fr/histoire/index.html> (consulté le 27/08/2012)

Un brin de poésie

Compagnie Lady Cocktail © Ooh! Collective

L’homme-ciel

O feu du ciel.
Dans l’isolement des chairs pures
tu vas tenter l’intensité des veines
où se fraieront les forces vives

Sous mes yeux je tiens les brèches fumantes
Le roc poursuit son rêve, l’eau s’est tue
et les amorces terrestres brûlent mes épidermes.
Le céleste surnage au niveau des paroles.

Il faut écrire l’instant de grâce,
la forme qui soutient les regards
centrés sur le vouloir d’un plus être.

Une secrète errance
réveille la rigueur du réel et
modifie les fenêtres anciennes.
J’ai certitude d’un ciel de joie.

Je pose sur le monde
l’espoir parfait de n’être rien
qui ne soit terre,
amour et soleil.

Poème de Marie Fizaine, inédit.

Petit abécédaire

LES ARTS DE LA RUE : « On désigne communément par le terme « arts de la rue » les spectacles ou les événements artistiques donnés à voir hors des lieux pré-affectés : théâtres, salles de concert, musées... [...] S’insérer dans le contexte urbain (la campagne aussi est urbaine, aujourd’hui) a plusieurs incidences déterminantes sur les propositions artistiques. La ville est un espace libre et contraignant. Physiquement, elle permet de choisir son territoire, de jouer avec l’environnement. Il y faut aussi se confronter au bruit, à l’encombrement, aux intempéries éventuelles. Socialement, le spectacle s’adresse ensemble aux spectateurs prévenus et aux passants de hasard, au public averti et au public « vierge ». Il importe donc de s’appuyer sur les émotions communes et les cultures partagées. Institutionnellement, l’ordre public a ses limites de tolérance et la programmation engage la responsabilité des élus locaux. » (1)

Public du festival © Ooh! Collective

LES ARTS DU SPECTACLE : « Les arts du spectacle sont aussi bien la musique vocale instrumentale, que la danse et le théâtre, la pantomime, la poésie chantée et d’autres formes d’expression encore. Ils recouvrent de nombreuses expressions culturelles qui reflètent la créativité humaine et que l’on trouve également, dans une certaine mesure, dans de nombreux autres domaines du patrimoine culturel immatériel. » (2)

BÉNÉVOLE : Le mot provient du latin benevolus qui signifie « bienveillant, dévoué ». Les bénévoles de Chassepierre dont l’énergie et la passion ont permis la création du festival sont aujourd’hui encore d’une importance capitale.

LADY COCKTAIL : compagnie de cirque présente lors de l’édition 2012 du Festival. Lola Ruiz, Anna Blin et Violaine Bishop, trois artistes trapézistes passionnées ont présenté Les Filles du 2e, un spectacle d’acrobaties aériennes plein d’humour, de légèreté et de grâce.

MARCEL TAMIGNEAU : premier régisseur bénévole du festival. Toujours en activité sur le festival en 2012, il se charge aujourd’hui des relations entre les artistes et l’équipe régie. Connaissant les lieux, son métier et les besoins des compagnies sur le bout des doigts, il est indispensable.

MARIE FIZAINE : Poétesse et romancière elle fonde avec Georges Linze la « Fête des Artistes » de Chassepierre. Elle a été la directrice du Foyer culturel de la Moyenne Semois, aujourd’hui Centre culturel du Beau Canton de Florenville Chiny.

GEORGE LINZE (1900-1993): poète, écrivain et animateur de revue liégeois, il est, aux côtés de Marie Fizaine, à la naissance des premières éditions de la Fête des Artistes, en l’honneur des poètes paysans. Il est le fondateur du Groupe moderne d'art et de littérature de Liège et de la revue Anthologie.

LA POÉSIE : Du latin poesis, du grec poiêsis, qui signifie « création ». « Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers. » (3)

LE SALTIMBANQUE : Comédien ou marchand ambulant dont la profession est d'amuser la foule dans les foires ou sur les places publiques, avec des acrobaties, des tours d'adresse ou de force, ou grâce à des boniments. (4)

Atelier de la Voûte © Ooh! Collective

ALAIN SCHMITZ : Enseignant de formation, il exerce son premier emploi dans le secteur culturel comme directeur au centre culturel de Florenville qu'il quitte fin des années 80 pour diriger le Centre d'Art Contemporain du Luxembourg belge.

Dès 1976, il assure la direction artistique et la coordination de la Fête des Artistes de Chassepierre qui, au fil du temps, est devenue une manifestation de renommée internationale par la provenance des compagnies accueillies et du public. (5)

LE TRAPÈZE BALLANT : Acrobaties sur un trapèze en mouvement.

TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN : Comédie écrite par William Shakespeare (né à Stratford on Avon, Warwickshire, 1564 – 1616 dans la même ville)

Site Hors les Murs : Arts de la Rue [en ligne]. Hors les murs, 2008.
Disponible sur : <http://www.horslesmurs.fr/-Definition-.html> (consulté le 04/09/2012)

Arts du spectacle (comme la musique, la danse et le théâtre traditionnels) [en ligne]. UNESCO.
Disponible sur : <http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00054> (consulté le 27/08/2012)

Poésie [en ligne]. Larousse Encyclopédie.
Disponible sur : <http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/po%C3%A9sie/80884> (consulté le 27/08/2012)

Saltimbanque [en ligne]. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.
Disponible sur : <http://www.cnrtl.fr/definition/saltimbanque> (consulté le 27/08/2012)

Alain Schmitz [en ligne]. Grand Nancy.
Disponible sur : <http://www.grand-nancy.org/actualites/forum-grande-region-grand-nancy/programme/alain-schmitz.html> (consulté le 27/08/2012)

Sources 

ANDRIAT Franck, RAUCY Claude, VAN DER NOOT Claude (illus.). La Gaume sentimentale. Pré aux Sources : Bernard Gilson Éditeur, 2007, 165 p.

Compagnie Lady Cocktail. [Dossier de presse Lady Cocktail]. (s.l), (s.d)

[Dossier de presse de présentation du festival de Chassepierre], Chassepierre, 2012

Site du Centre Culturel du Beau Canton [en ligne]. Disponible sur : <http://www.ccbeaucanton.be/> (consulté le 27/08/2012)

Chasspierre [en ligne]. Fédération Touristique du Luxembourg belge. Disponible sur : <http://www.ftlb.be/fr/attractions/fiche.php?avi_id=1531> (consulté le 27/08/2012)

Festival International Du Théâtre D’Alger [en ligne]. Disponible sur  : <http://www.masrahdz.com/fr/index.htm> (consulté le 27/08/2012)

Concernant Marie Fizaine :

Marie Fizaine [en ligne]. Service du Livre Luxembourgeois. Disponible sur : <http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/f/fizaine-marie.html> (consulté le 27/08/2012)

Messes, diététisme et poésie [en ligne]. L’avenir.net. Disponible sur : <http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=230195> (consulté le 27/08/2012)

Concernant George Linze :

Samedi 18 et dimanche 19 août Les arts de la rue, rois de Chassepierre [en ligne].DH.be. Disponible sur : <http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=1282767> (consulté le 27/08/2012)

Liens utiles

Site officiel de la Province de Luxembourg : http://www.province.luxembourg.be/fr

Site du Festival International des Arts de la rue de Chassepierre : http://www.chassepierre.be/

Site de l’UNESCO concernant le Patrimoine vivant méditerranéen :
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00226

Site Hors les Murs : http://www.horslesmurs.fr/

Site de la Compagnie d'irque & fien : www.dirque.com

Site de l’Atelier de la voûte : en construction

À écouter :

Compagnie d'irque & fien : VAN BOXELAERE Dirk / VAN HERWEGEN Fien / REUBENS Alain, Carrousel des moutons

Atelier de la voûte : musique jouée sur "le Ballon", installation plastique spectaculaire, CHAMROUX, Jean-Luc (accordéon) / CHATTON, Rémy (contrebasse) / PETER, Christine (mouvement)